L’Arrivée. La Route du Désert.
Fourvoirie, « et comme cette nouvelle route a été en partie creusée dans le roc, on lui a donné le nom de Chemin des Voûtes[1] ». Les Chartreux terminèrent vers 1715 ce travail si utile quoique très dispendieux, et, cependant, ils venaient d’éprouver, à cette époque, des pertes considérables. Au mois d’août 1705, le feu ravagea leurs forêts plusieurs jours durant ; on paya et nourrit 400 personnes occupées sans cesse, nuit et jour, à éteindre les flammes. En 1709, les troupes du duc de Savoie, Victor Amédée II, entrèrent sur le territoire français et causèrent aux seuls Chartreux un dommage évalué à 45,000 livres[2].
Nous n’essaierons pas de décrire les beautés de cette admirable route de Saint-Laurent à la Grande Chartreuse ; nos descriptions, même en les supposant parfaites, ne diraient rien à ceux qui connaissent déjà ces merveilles, et ne pourraient rien apprendre à ceux qui n’auront jamais l’occasion et le plaisir de les voir : s’il faut cependant tâcher de faire entrevoir ces beautés, nous transcrirons quelques lignes du célèbre Ducis[3]. Il nous raconte, en peu de mots mais avec un grand talent, ses impressions lorsqu’il se rendit à la Chartreuse en 1785 : On monte, dit-il, le long d’une rivière, ou plutôt d’un torrent, un chemin serré entre deux murailles de roches, tantôt sèches et nues, tantôt couvertes de grands arbres, quelquefois ornées par