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Page:Boutrais - La Grande Chartreuse (Nouvelle édition refondue et mise à jour), 1930.djvu/35

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L’Arrivée. La Route du Désert.

que, soudain, ils aperçoivent Dom de Bazemont assis sur un quartier de roc et récitant son bréviaire avec le plus grand calme ; son cheval était près de lui, l’un et l’autre sans blessures[1].

En 1781, les Chartreux améliorèrent la partie du chemin qui se trouve, à cette heure, au-dessus des derniers tunnels ; un savant géologue, qui explorait le Désert à ce moment, parle ainsi de ces travaux : Le chemin, dit-il, est soutenu en cet endroit par des arceaux en pierre et par des bois mis en travers et appuyés contre le rocher ; il y a des parties où il éboulait, les Pères Chartreux qui l’entretiennent ont fait miner le rocher pour y en faire un plus solide et plus large… ; cet ouvrage, digne de leur zèle pour la sécurité de ceux qui viennent les visiter, a demandé beaucoup de travail et de dépenses ; une masse considérable de rochers a été emportée, on l’a fait souter au moyen du pic et de la poudre à canon ; par la soustraction de cette masse de rochers, le chemin en cet endroit est large et d’une pente douce, et met le voyageur à l’abri de toute crainte ; il ne passe plus sur une espèce de pont fait de poutres enfoncées horizontalement dans les rochers et recouvertes de planches et de gazon, et suspendu au-dessus d’un précipice affreux dont la vue ne pouvait qu’inspirer la terreur à ceux qui passaient sur ce pont[2].

À l’endroit où les Chartreux exécutèrent ces grands travaux, ils gravèrent dans le roc les armes de l’Ordre et la date de 1781 ; on peut les voir encore.

  1. Ephemerides, 27 sept.
  2. Guettard, Itinéraire, p. 228.