lement les disciples de Schleiermacher optèrent pour Platon et Aristote et ainsi se trouva compromise l’autorité du seul de nos témoins qui fût historien de profession, et qui s’occupât de nous dire ce qu’en fait et pour lui-même avait été Socrate.
Mais les choses, depuis, ont changé de face. Tandis que bataillaient, à propos de la théorie de Schleiermacher, les champions de Xénophon et de Platon, une critique moins prévenue a comparé en eux-mêmes les témoignages de Xénophon, de Platon et d’Aristote. Or ces témoignages ont été trouvés d’accord entre eux quant à l’essentiel[1]. Dès lors, pour un appréciateur impartial, l’autorité de Xénophon était rétablie. On pouvait encore l’accuser d’avoir plus ou moins incomplètement fait connaître la personne et les doctrines de son maître, mais non de les avoir présentées sous un faux aspect. S’il en est ainsi, l’historien a le droit aujourd’hui, non seulement d’invoquer le témoignage de Xénophon à côté de ceux de Platon et d’Aristote, mais encore de le mettre en première ligne, puisque, seul des trois, Xénophon se borne à rappeler ce qu’il a appris. Son œuvre paraît, il est vrai, avoir eu pour objet immédiat de réfuter le réquisitoire du rhéteur Polycrate, composé vers l’an 393 il n’en reste pas moins que Xénophon a dû y apporter les habitudes de fidélité et d’impartialité qui distinguent ses récits proprement historiques.
- ↑ C’est l’avis commun de Zeller, de Grote et de Fouillée.