Page:Boutroux - Études d’histoire de la philosophie.djvu/444

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grand mouvement athée en Europe. » De ce côté se tourne surtout son attention, et l’enseignement de la philosophie lui apparaît maintenant comme un sacerdoce laïque, dont la mission est de combattre les mauvaises doctrines. L’Écosse est l’auxiliaire auquel il s’adresse. Il trouve chez elle le modèle d’une saine et salutaire philosophie. Progressivement il remania ses ouvrages dans ce sens. Son ancien cours de 1817-18, devint le Traité du Vrai, du Beau et du Bien, qui, de plus en plus amendé, se trouva, finalement, tout à fait écossais. Et l’ouvrage fut réimprimé onze fois entre 1845 et 1865.

Dès lors, les doctrines écossaises furent véritablement la substance de l’enseignement philosophique dans nos collèges. Bien qu’imposées par l’autorité et présentées comme une sorte de philosophie d’État destinée à servir des fins politiques et sociales, ces doctrines, qui, en elles-mêmes, sont de consciencieuses et patientes recherches et non des dogmes, charmèrent nombre d’esprits et entretinrent dans une importante partie de la société un goût réel pour les études philosophiques. Elles comportaient un enseignement simple et clair, à la portée de la majorité des élèves ; elles appelaient des rapprochements continuels avec les réalités de la vie morale et sociale ; elles provoquaient la réflexion individuelle et donnaient à chacun l’espoir de faire, en observant avec méthode, quelque petite trouvaille ; elles ne demandaient pas que l’on