Page:Boutroux - De l’idee de loi naturelle dans la science et la philosophie contemporaines.djvu/124

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méthode. Mais la psychologie physique est trop peu avancée pour qu’on puisse ici invoquer pareil argument. Il faut que l’on possède des preuves satisfaisantes de la non-intervention du libre arbitre dans la production des phénomènes. Ces preuves, il est vrai, on croit les posséder. L’impossibilité de l’existence effective du libre arbitre a été maintes fois démontrée d’une manière très forte. Toutes ces démonstrations reposent, en définitive, sur l’argument de Spinoza, suivant lequel la conscience ne serait au fond que la transformation en finalité des causes efficientes et mécaniques non aperçues comme telles. Mais il y a là une hypothèse très ingénieuse plutôt qu’une véritable démonstration. Pour ramener véritablement le libre arbitre au mécanisme, il faudrait expliquer mécaniquement le sentiment du libre arbitre; et, pour être en mesure de fournir une telle explication, il faudrait avoir expliqué mécaniquement tous les phénomènes psychiques, moins compliqués, que suppose le sentiment du libre arbitre. Et ces démonstrations devraient reposer sur la connaissance du cerveau, non sur des hypothèses métaphysiques. Mais, si les sensations même les plus élémentaires ne sont pas encore complètement explicables par le cerveau, comment le sentiment du libre arbitre le serait-il ?

Voilà ce que l’on peut dire au sujet des négations impliquées par une psychologie physique qui prétendrait être radicale. Examinons maintenant le côté positif de la doctrine, à savoir le type de loi qu’elle a en vue. Ce type de loi consiste dans la dépendance du moral à l’égard du physique. Mais cette dépendance peut s’entendre de deux manières. Selon un premier sens, la loi rattache un phénomène mental à un phénomène physique, [120]