Page:Boutroux - De l’idee de loi naturelle dans la science et la philosophie contemporaines.djvu/139

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XIV.CONCLUSION.

[134] Nous avons analysé les divers types de lois naturelles que nous offrent les sciences, en nous plaçant au point de vue de ces sciences mêmes. Nous avons vu dans les lois les données fournies à la philosophie par les sciences, comme la science voit dans les faits les données que lui fournit la nature. Nous nous demandons, pour conclure, ce que deviennent la liberté et la responsabilité humaines, en face de ces lois qui représentent pour nous la nature des choses. Le problème est plus pressant aujourd’hui qu’il ne l’était encore au siècle dernier. Quand le domaine de la science proprement dite était peu étendu, on pouvait admettre qu’en dehors de ce domaine, il y avait place pour la liberté. Mais la science gagne chaque jour en étendue et en précision. Elle est en train de se soumettre les manifestations qui paraissaient les plus rebelles à son étreinte. Ne se peut-il donc pas que tout, en droit, lui appartienne, et que tout par conséquent soit déterminé et nécessité ? Comme, malgré ce progrès de la science, le sentiment de la liberté subsiste dans l’âme humaine, il y a lieu de rechercher s’il y a contradiction entre ces deux faits et si le second doit être taxé d’ignorance et d’illusion.

Il y a des raisons solides pour que le déterminisme apparaisse aujourd’hui comme plus étroit qu’il n’a dû [135] paraître