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IX

LES LOIS BIOLOGIQUES. (Suite.)


Nous avons vu, dans la dernière leçon, que l’acte réflexe, auquel la science contemporaine s’efforce de ramener tous les phénomènes physiologiques, est en quelque sorte un phénomène à double face : par un côté, il rentre bien dans la physico-chimie ; mais, par un autre côté, qui est proprement le côté physiologique, il présente des caractères irréductibles. Chaque ordre de sciences suppose ainsi des postulats qui lui sont propre. Nous allons étudier maintenant, non plus l’être vivant pris isolément, mais les rapports des êtres vivants entre eux, c’est-à-dire les lois qui relient entre elles les formes organiques. Nous nous bornerons aujourd’hui à faire un exposé historique des principales phases par lesquelles a passé la zoologie, en dégageant les idées philosophiques qui ont présidé à son développement.

Le fondateur de l’histoire naturelle est Aristote ; et sa conception scientifique se rattache aux principes généraux de sa philosophie. D’une manière générale, il s’agit pour lui de rechercher les causes premières de l’ordre du monde. Or le monde, selon la doctrine aristotélicienne, est formé de deux éléments : une matière dont la nature propre est la mobilité sans loi, et un principe qui fixe et ordonne cette matière ins-