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externe ne se ramène-t-elle pas à une nécessité interne ?

La loi de la notion est le principe d’identité, suivant lequel la notion reste identique avec elle-même, se conserve telle qu’elle est, ne reçoit ni augmentation ni diminution à travers toutes les fonctions logiques qu’elle est appelée à remplir. C’est, peut-on dire, la permanence de la notion elle-même. En vertu de cette loi, ce qui est contenu dans une notion partielle est, à fortiori, nécessairement contenu dans la notion totale.

Cette formule ne résulte pas analytiquement du concept même de la notion. Car on conçoit qu’un tout puisse acquérir ou perdre des parties, sans pour cela cesser d’être un tout. Un type peut changer, sans pour cela cesser d’être un type.

La loi de la notion est donc une proposition synthétique. Est-elle affirmée à priori ?

On peut interpréter de plusieurs manières les termes de cette loi.

Suivant l’une de ces interprétations, il existe dans la nature un nombre déterminé de types généraux réels, qui remplissent, à l’égard des individus, le rôle de la substance à l’égard des accidents. L’identité de la notion à travers ses fonctions diverses tient donc, en réalité, à ce que c’est un seul et même être qui supporte les individus d’une même espèce, lesquelles n’ont de l’existence distincte que la vaine apparence.

Suivant une autre interprétation, le principe d’identité ne concerne pas les choses en soi, mais seulement la connaissance des choses. Il n’est qu’une condition à priori de l’expérience. Sa signification véritable est déterminée par les besoins de la pensée. En ce sens, quoi qu’il en soit des types transcendants, ce sont toujours exactement les mêmes notions immanentes qui figurent dans les diverses phases de