Page:Boutroux - Pascal.djvu/186

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Je vois notamment qu’il nous a été transmis par les Juifs, alors qu’il les dépeint infidèles et les menace de châtiments, terribles. Or quelle apparence y a-t-il qu’ils eussent conservé un tel livre s’il n’était pas authentique ? Plus je considère l’histoire que raconte la Bible, plus je la trouve remarquable. Elle a une unité, une suite, une logique extraordinaires. Et ce qu’elle nous montre, c’est, à côté d’une religion rituelle, une religion tout intérieure, fondée sur l’amour de Dieu, laquelle se perpétue à travers toute sorte de vicissitudes.

Déjà je désire que la religion chrétienne, terme de cette histoire, soit susceptible d’être démontrée vraie. Or je trouve des preuves de cette vérité dans de nombreux miracles rapportés par la Bible et dont la réalité est incontestable ; dans les passages visiblement figuratifs dont le livre abonde, et qui s’appliquent exactement à Jésus-Christ ; enfin dans des prophéties très précises, dont l’histoire de Jésus-Christ a été la fidèle réalisation.

Telle est l’impression première que fait sur moi la lecture de l’Écriture. Mais je ne puis me dissimuler qu’un examen plus approfondi suscite d’énormes difficultés. S’il y a de vrais miracles, il y en a de faux ; il y en a qui, pris isolément, sont propres à détourner l’âme humaine de Dieu et de Jésus-Christ. S’il y a des figures claires et démonstratives, il y en a qui semblent un peu tirées par les cheveux, et qui ne prouvent qu’a ceux qui sont persuadés d’ailleurs. Enfin bien des prophéties sont inintelligibles, ou semblent ne s’être en aucune façon réalisées. Ce livre abonde en contrariétés. Il montre Dieu absent