Page:Boutroux - Pascal.djvu/58

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Elle avait vingt-six ans et trois mois. Le 3 janvier au soir elle fit toucher à son frère quelque chose de son départ. Pascal, évitant de la voir, se retira fort triste dans sa chambre. Elle dormit tranquillement, et partit le lendemain matin sans dire adieu à personne, de peur de s’attendrir.

Deux mois après, le 7 mars 1652, la sœur Jacqueline de Sainte-Euphémie écrivit à son frère pour lui annoncer qu’elle allait bientôt prendre l’habit, et le prier de se trouver à la cérémonie. Elle lui demande son consentement avec un mélange de tendresse fidèle et de fermeté inflexible. Elle le supplie de faire en esprit de charité ce qu’il faut qu’il fasse, malgré qu’il en ait. Pascal vint le lendemain, outré, et souffrant d’un violent mal de tête. Il ne tarda pas à se radoucir. Après avoir prié Jacqueline d’attendre deux ans, puis six mois, ébranlé peu à peu par sa fermeté affectueuse, cédant aux raisonnements que lui fit, quelques jours après, M. d’Andilly, frère de la mère Angélique, il finit par dire qu’il aimait autant que ce fût à la Trinité, comme elle le désirait.

La véture accomplie, Jacqueline, après un an de noviciat, se disposa à faire profession. Elle avisa alors ses frère et sœur qu’elle désirait donner en dot à Port-Royal la part qui lui revenait dans l’héritage paternel. La famille s’offensa de ce dessein. Chacun à part écrivit une lettre de même style, invoquant l’accord intervenu entre eux lors du partage. Ils accusaient Jacqueline de les vouloir déshériter en faveur de personnes étrangères.

Mlle Pascal sentit sa fierté se révolter, à l’idée qu’il lui faudrait donc consentir à être admise gra-