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Page:Bouvier - Les Mystères du confessionnal, 1875.djvu/119

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avoir des enfants. Je ne veux pas vous en dire plus long en ce moment ; s’il vous survient des doutes sur certaines questions, ne manquez pas de vous en ouvrir soit à moi, soit à un autre confesseur prudent.

Ces préceptes généraux donnés avant que le mariage soit consommé, nous paraissent être suffisants ; car si le confesseur en disait d’avantage, il scandaliserait peut-être de jeunes époux qui ont vécu dans la chasteté ; il troublerait leur imagination et exciterait chez eux de violents aiguillons de la chair.

Le confesseur doit avoir soin de les faire revenir au tribunal sacré peu de temps après que le mariage aura été contracté, et alors il développera, d’une manière plus convenable, les règles exposées plus haut sur l’obligation de rendre le devoir, sur l’époque à laquelle il faut le rendre et le demander, sur la manière dont le coït doit être pratiqué pendant les menstrues, la grossesse, etc. ; mais il devra toujours expliquer ces choses avec précaution, d’une manière chaste et en peu de mots ; il est même souvent beaucoup plus sûr de ne rien dire et de répondre simplement aux questions posées par le pénitent.

II. L’expérience prouve que beaucoup de personnes mariées ne déclarent pas les péchés commis dans le mariage, à moins qu’elles ne soient interrogées là-dessus. Or le confesseur peut les interroger de la manière suivante sur les choses permises entre époux : Avez-vous quelque chose à avouer qui répugne à votre conscience ? Si elles répondent négativement et qu’elles paraissent suffisamment instruites et d’ailleurs timorées, il ne sera pas nécessaire d’aller plus loin. Mais si elles paraissent ignorantes et que leur sincérité soit suspecte, le confesseur devra insister. Il demandera au pénitent s’il a refusé à son conjoint de lui rendre le devoir : Si le pénitent ne comprend pas cette manière de parler, le confesseur peut lui demander : Avez-vous refusé l’acte que l’on fait pour avoir des enfants, le coït ? S’il répond qu’il a refusé, il faut savoir pour quelle raison, et on jugera à ses réponses si le péché est mortel ou véniel ou s’il n’y a pas de péché.

III. Le confesseur doit généralement s’enquérir auprès du pénitent s’il s’est livré à des actes déshonnêtes contre la sainteté du mariage. Si le pénitent répond affirmativement, il convient de lui faire dire en quoi consistent ses infractions, de peur de lui enseigner ce qu’il ignore ; et on ne devra pas d’abord l’accuser à la légère de péché mortel. Ce que nous venons de dire sur cette lubrique matière doit être suffisant.

Les curés et confesseurs doivent proclamer la chasteté, l’honnêteté et la sainteté des devoirs matrimoniaux ; ils doivent souvent dire avec le B. Paul : Que chacun de vous sache qu’il possède son vase pour sa sanctification et son honneur et non pour satisfaire ses désirs passionnés, comme le font les peuples qui n’ont pas la connaissance de Dieu. À ces paroles, les auditeurs comprendront facilement par où ils ont péché et de quoi ils doivent s’abstenir afin d’accomplir le devoir conjugal — le coït — d’une manière chaste et sainte, selon la doctrine de l’apôtre.

Concina nous dit, t. 21, p. 248, que les curés acquerront plus de science pour l’instruction des personnes mariées, en suivant les doctrines de St Paul qu’en gravant dans leur mémoire tous les raisonnements imaginés par Sanchez, Diana, Gobatius et autres.

Rien ne nous paraît plus vrai ; c’est pourquoi nous supplions les jeunes confesseurs d’être prudents, graves et retenus en interrogeant les personnes mariées, car ils les choqueraient facilement et se mettraient eux-mêmes dans le danger.