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Page:Bouvier - Les Mystères du confessionnal, 1875.djvu/170

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AVIS ESSENTIEL


Toute demande de cet ouvrage doit être accompagnée d’une autorisation de Monsieur le Supérieur du Grand Séminaire du diocèse, ou d’un Vicaire Général ; Sans cette formalité indispensable, il n’en sera délivré aucun exemplaire.




Cette note singulière, placée en tête du « Manuel des Confesseurs » et sur la couverture du volume, témoigne du soin qu’apportent les évêques à soustraire cet opuscule à l’examen des profanes ; l’étude en est interdite aux personnes étrangères au sacerdoce ; les prêtres, les diacres, les séminaristes doivent seuls connaître la théorie de la confession.

Les précautions extraordinaires prises par les fakirs mitrés pour la garde du secret, sont déjà des indices qui font pressentir les turpitudes et les mystères honteux renfermés dans les Diaconales.

Par une étrange contradiction, le livre de Monseigneur Bouvier est jugé bon et salutaire pour cent mille jeunes prêtres, moines et religieux de toute robe auxquels il est remis pour leur édification ad majorem Dei gloriam, pour la plus grande gloire de Dieu, et ce même livre est déclaré par les évêques, funeste, dangereux pour toute personne laïque, même d’un âge respectable ! Ni un père ni une mère ni un époux ne doivent le connaître, le lire, le posséder !

C’est donc un acte de suprême audace que la publication du « Manuel des Confesseurs » en opposition avec les défenses des princes de l’Église. L’ouvrage est couvert, il est vrai, par la loi civile qui proclame la liberté de la presse en Belgique, mais notre personne demeure, sans bouclier, exposée aux violences individuelles et aux persécutions du clergé.

Quoi qu’il doive advenir, le devoir commande, notre résolution est prise, nous avons résolu de signaler au monde étonné le fameux Manuel des Confesseurs ; la perspective du Calvaire ne troublera pas la sérénité de notre esprit ; nous savons que le champ du progrès doit être fécondé par les larmes et le sang des martyrs, nous savons que chaque vérité a valu à ceux qui l’ont révélée, persécutions, l’exil, la prison, les tortures et souvent la mort. Nous sommes prêt pour le sacrifice. L’existence du livre de Mgr. Bouvier, évêque du Mans, est un danger pour la société, un outrage aux mœurs ; c’est le foyer de la peste noire. Il est urgent de prendre des mesures énergiques pour arrêter le mal ; nous n’en avons pas trouvé de plus efficaces que la traduction et la vulgarisation de l’ouvrage. Similia similibus curantur. Les semblables sont guéris par les semblables. C’est un axiome de la médecine homœopathique. Il fallait pouvoir dire et démontrer, preuves en mains, que les prêtres, les religieux, les dignitaires de l’Église, rouges, violets, noirs et de toute couleur, étaient des sépulcres blanchis au dehors et pleins de pourriture au dedans ; il fallait établir sur des témoignages irrécusables que la confession et la chasteté s’excluaient l’une l’autre, qu’il n’y avait pas de prêtres observant le vœu de célibat, sauf les individus affligés d’un vice de conformation ou exsangues ou à tempérament lymphatique. Or, nulles preuves, nuls documents, nuls témoignages n’auraient pu être fournis aux fidèles, aux personnes dévotes, ayant plus de puissance pour les convaincre, que la production du livre classique du clergé catholique, qui est le guide des curés, leur règle ; dont ils commentent le texte, dont ils étudient les dissertations lubriques, et qui est toute leur théorie.

C’est précisément en remettant ce même livre, traduit en langue vulgaire, entre les mains des pères, des mères, des époux, que ceux-ci pourront se rendre compte de la démoralisation de ces ministres des autels, de ces confesseurs, que la foule imbécile persiste à regarder comme des purs, des saints, des émanations de la Divinité ; c’est en prenant connaissance des chapitres de cet opuscule obscène, qu’ils comprendront combien il est aisé aux hommes à soutane et à froc, de passer de la théorie à la pratique, de débaucher filles et femmes, de corrompre les garçonnets qui fréquentent le tribunal de la pénitence. Nous le déclarons à la face du ciel et de la terre : par la confession, par la lecture et l’étude des diaconales, le clergé catholique se trouve dans un état permanent de putréfaction morale. C’est aux citoyens, aux pères de famille, aux gouvernements d’aviser ; notre ouvrage porte en lui son enseignement ; le cri d’alarme est jeté : Sentinelles, prenez garde à vous !

Le curé X***.