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Page:Bouvier - Les Mystères du confessionnal, 1875.djvu/50

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ne peuvent, en aucune manière, être imputées à péché à ceux qui les éprouvent, s’il n’y a pas de consentement actuel, puisqu’elles procèdent d’une cause étrangère à la volonté.

Il n’y a pas non plus de péché dans les pollutions provenant d’un excès d’humeurs spermatiques, de la faiblesse des organes génitaux, d’un état nerveux accidentel, et même d’une habitude suffisamment rétractée, car, dans l’hypothèse, ces pollutions n’ont pas leur source dans une volonté libre et sont privées de tout consentement.

Mais, pour les autres pollutions, il faut étudier soigneusement si leur cause est licite, véniellement ou mortellement mauvaise, prochaine ou éloignée : ainsi on jugera prudemment s’il y a péché et quelle en est la gravité. Pour excuser une action même licite qui porte, d’une manière prochaine, à la pollution, il ne suffit pas qu’elle soit utile, il faut qu’elle soit nécessaire ; mais s’il s’agit d’un danger éloigné, un motif raisonnable suffit.

On demande : 1o Ce que doit faire celui qui, en s’éveillant, s’aperçoit qu’il éprouve la pollution ?

R. Il doit élever son esprit vers Dieu, l’invoquer, faire le signe de la croix, s’abstenir de provoquer l’écoulement de la semence, renoncer au plaisir voluptueux ; pourvu qu’il agisse ainsi, il peut se considérer comme exempt de péché et il n’est pas tenu de contenir l’impétuosité de la nature ; car déjà la sécrétion des humeurs s’est faite dans les vases spermatiques ; il est donc nécessaire que l’écoulement ait lieu immédiatement ou plus tard, sans quoi la semence venue des reins se corromprait au détriment de la santé.

On demande : 2o S’il est permis de se réjouir de la pollution lorsqu’elle se produit dégagée de tout péché, en tant qu’elle décharge la nature, ou de la désirer à ce point de vue.

R. Les auteurs enseignent généralement qu’il est permis de se réjouir des bons effets de la pollution involontaire qui se produit, soit pendant le sommeil, soit pendant la veille. Car, sous ce rapport, elle opère un bon résultat.

Ils affirment plus généralement et d’une manière plus probable, et par les mêmes motifs, qu’il est permis de se réjouir des bons résultats que produira la pollution.

Mais est-il permis de prendre plaisir à la pollution que l’on éprouve ou que l’on éprouvera, en dehors de toute participation de la volonté, et en la considérant comme soulagement de la nature ?

Un grand nombre de théologiens se prononcent pour l’affirmative, par la raison qu’à ce point de vue elle n’est défendue par aucune loi.

Ainsi dit St Thomas, 4e Sent., tit. 9, q. 1, art. I : On ne croit pas qu’elle soit un péché, si elle est agréable (la pollution), parce qu’elle décharge ou qu’elle soulage la nature. Remarquez qu’il ne dit pas si l’effet de la pollution est agréable, mais si la pollution elle-même est agréable. Cette opinion, qui nous semble théoriquement très-probable, ne peut être adoptée, car elle est très-dangereuse en pratique.

On demande : 3o Ce qu’on doit penser de la distillation.

R. La distillation est l’écoulement comme goutte à goutte, et sans graves mouvements de concupiscence, d’une semence imparfaite ou autre humeur muqueuse. Si elle se produit sans plaisir vénérien, comme il arrive quelquefois, à cause de la faiblesse des organes ou des chatouillements provenant d’un prurit insupportable, il ne faut pas, disent Cajétan et les théologiens en général, s’en occuper plus que de la sueur. Mais elle constitue un péché mortel à cause du danger prochain de pollution lorsque, par la volonté, elle se produit en grande quantité ou