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Page:Bouvier - Les Mystères du confessionnal, 1875.djvu/52

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gnance pour les mouvements voluptueux désordonnés.

2o Sanchez, St. Ligori, l. 5, no 6, et beaucoup d’autres sont d’avis que ce péché est seulement véniel lorsque le danger de pollution est éloigné ; car, disent-ils, les mouvements désordonnés doivent être repoussés parce qu’il est à craindre qu’il n’en résulte la pollution où le consentement volontaire au plaisir vénérien ; or, si ce danger n’existe pas, ou qu’il soit éloigné, il n’y a que légère obligation de l’éviter. Mais ils affirment qu’on est, sous peine de péché mortel, dans l’obligation de leur opposer une résistance positive, au moins par un acte de dégoût, s’il y a danger prochain de tomber dans la pollution ou de consentir au plaisir vénérien.

D’autres, plus ordinairement, enseignent que l’indifférence jointe à une attention entière, aux mouvements désordonnés, même légers, constitue un péché mortel, tant à cause de leur propre désordre que du danger d’y consentir. Voy. Valentia, Lessius, Vasquez, Concina, Billuart, et, dans la pratique, Habert, Collet, le P. Antoine, Dens, etc.

Dans la pratique, on s’éloignerait avec danger de cette opinion, quoiqu’au point de vue spéculatif, l’avis contraire ne manque pas de probabilité. Il est donc indispensable d’éprouver un dégoût positif ou, tout au moins, virtuel, pour les mouvements désordonnés qui se produisent sans la participation de la volonté. Ce dégoût est regardé comme suffisant lorsque, volontairement et par une ferme détermination, on résiste au plaisir vénérien, qu’on dédaigne les mouvements voluptueux et qu’on en détourne l’esprit.

Que des gens scrupuleux trop portés à tourmenter leur propre conscience, et qui, pendant qu’ils s’inquiètent de savoir s’ils ont ou non consenti, éprouvent, presque sans cesse, les plus violents aiguillons de la chair, ne prennent d’ailleurs pas pour eux ce que nous venons de dire : qu’ils s’arment de la ferme résolution de rester toujours chastes, dédaignent les mouvements désordonnés et laissent de côté les méthodes en usage dans l’examen de conscience et dans la confession ; l’expérience prouve que c’est le moyen le plus sûr et le plus court d’y mettre un terme.


§ V. — De la conduite des confesseurs à l’égard de ceux qui se livrent à la pollution


Il n’y a pas de vice plus nuisible, sous tous les rapports, aux jeunes gens et aux jeunes filles, et surtout aux jeunes gens que l’habitude de se livrer à la pollution. En effet, ceux qui ont pris cette mauvaise habitude tombent dans l’endurcissement, l’hébètement, le dégoût de la vertu et le mépris de la religion ; leur caractère devient triste, incapable d’énergie et de résolution ; ils perdent les forces du corps, contractent de graves infirmités, tombent dans une caducité précoce et meurent souvent d’une façon ignominieuse.

Buchan, t. 4, p. 567, traduit ainsi, dans notre langue, la description que fait Hippocrate des terribles effets de la masturbation :

Cette maladie naît de la moëlle épinière : elle attaque les jeunes mariés et les libidineux ; ils n’ont point de fièvre, et quoiqu’ils mangent bien, ils maigrissent et se consument ; ils croient sentir des fourmis qui descendent de la tête le long de l’épine. Toutes les fois qu’ils vont à la selle, ou qu’ils urinent, ils perdent en abondance une liqueur séminale très-liquide : ils sont inhabiles à la génération : ils sont souvent occupés de l’acte vénérien dans leurs songes : les promenades, surtout dans les routes pénibles, les échauffent, les affaiblissent, leur procurent des pesanteurs de tête et des bruits