Page:Bove - Mes Amis.djvu/100

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Il y avait de la lumière dans le trou de la serrure. Un autre que moi eût regardé. Je me retins. Il est vrai que la honte m’aurait tué, si on m’avait surpris, accroupi devant la porte.

Nina apparut enfin.

Lavée, les cheveux mouillés aux tempes, les sourcils collés, plus noirs, les lèvres fraîches, sans rides, elle souriait. Elle avait de belles dents : on ne voyait pas les gencives.

— Entrez, monsieur Bâton.

— Je vous dérange.

— Non.

Elle aurait dû dire plusieurs fois non.

Elle marcha devant moi, pas gênée de boiter.

Quand elle s’arrêta, son corps redevint vertical.

— Est-ce que monsieur Billard est là ?

— Il vient de sortir.

— C’est ennuyeux.

— Attendez-le donc.

Je m’installai au même endroit que la veille. C’est une de mes habitudes. Je m’assois toujours à la place que j’ai choisie la première fois.

La chambre n’avait plus cette propreté que donnent, à la lumière d’une lampe, un plancher