Page:Bove - Mes Amis.djvu/120

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Le désespéré qui, accroupi près d’un tas de sable, triait des cailloux, se retourna.

— Nous sommes sauvés !

Il me regarda sans comprendre.

— Je viens de m’apercevoir que j’ai un peu d’argent.

L’inconnu se leva, fit un pas. Des cailloux glissèrent entre ses doigts. Ses yeux brillèrent, au milieu seulement.

— Vous avez de l’argent ?

— Oui… oui.

Ahuri comme les gens qui ressuscitent doivent l’être, il ne bougeait pas. Une larme coula jusqu’à sa barbe. Puis, subitement, il sauta en l’air trois ou quatre fois de suite, en faisant la roue avec ses bras.

— Vous avez de l’argent ?

— Oui… oui.

— Montrez-le… Montrez-le.

J’ouvris mon portefeuille. Pour qu’il ne vît pas tous mes billets, j’en tirai un seul qui se déplia en sortant.

— Tenez, mon ami. Prenez ce billet de dix francs.

Le malheureux regarda le billet avec amour et, pendant une minute, il s’efforça de le déplisser.