Page:Bove - Mes Amis.djvu/152

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

dehors. Mais ici, debout, touchant du bout des doigts son bureau, avec sa redingote dont les boutons étaient recouverts d’étoffe, avec sa chemise empesée qui ne le gênait pas, il m’écrasait de sa supériorité.

— Asseyez-vous, mon brave.

Il m’avait dit cela tout de suite, mais j’étais si ému qu’il me semblait que je me tenais debout depuis longtemps.

Il regarda une montre en or dont les aiguilles élancées donnaient autant d’importance aux minutes qu’aux heures.

— Allons… asseyez-vous.

J’avais compris, mais ma timidité m’empêchait d’obéir. Les fauteuils étaient trop bas. Assis, j’aurais paru son égal, ce qui m’eût gêné. Et dans le fond de mon âme, je sentais qu’en ne m’asseyant pas, il était flatté.

— Asseyez-vous donc… n’ayez pas peur.

Je dus faire plusieurs pas pour atteindre le fauteuil qu’il m’avait désigné avec toute la main.

Je m’assis et mon corps s’enfonça plus encore que je ne m’y attendais. Mes genoux étaient trop hauts. Mes coudes glissaient sur les accoudoirs arrondis.

Je fis des efforts pour ne pas appuyer ma