Page:Bove - Mes Amis.djvu/214

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Une serviette pliée bouche un pot à eau. Un verre coiffe une carafe. Le linoleum, qui se trouve devant la table de toilette, a été décoloré par des pieds mouillés. Les ressorts du lit-cage luisent. Des voix sonores, que je ne connais pas, s’élèvent dans l’escalier.

Le plâtre des murs est blanc comme le pan de drap rabattu sur les couvertures. Un inconnu remue dans une chambre contiguë.

Je m’assois sur la chaise — une chaise de jardin qui se plie — et je pense à l’avenir.

Je veux croire qu’un jour je serai heureux, qu’un jour quelqu’un m’aimera.

Mais il y a déjà si longtemps que je compte sur l’avenir !

Puis, je me couche — sur le côté droit, à cause du cœur.

Les draps raides sont si froids que je ne m’allonge que tout doucement. Je sens que la peau de mes pieds est rugueuse.

Naturellement j’ai fermé la porte. Pourtant, il me semble qu’elle est ouverte, que n’importe qui va entrer. Par bonheur j’ai laissé la clef dans la serrure : de cette façon