Page:Bove - Mes Amis.djvu/29

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Bien que cette boulangerie ne soit fréquentée que par des gens aisés, je fais partie de sa clientèle — le pain coûtant partout le même prix.

Souvent, je m’arrête devant une mercerie où les gamins du quartier achètent des amorces.

Dehors, sur une table, il y a des journaux pliés dont on ne peut lire que la moitié du titre.

Seul l’Excelsior pend comme une nappe.

Je regarde les images. Les clichés trop grands représentent toujours la même chose : un ring, un revolver avec ses douilles.

Dès que la mercière me voit arriver, elle sort de sa boutique. Une odeur de jouets peints et de coton neuf l’accompagne.

Elle est maigre et vieille. Les verres de ses lunettes ressemblent à des loupes. Un filet de bonne d’enfant emprisonne son chignon sec. Les lèvres sont rentrées dans sa bouche et n’en sortent plus. Son tablier noir moule un ventre qui n’est pas à sa place. Pour changer cinq francs, elle disparaît dans l’arrière-boutique.

Je lui demande comment elle se porte.