Page:Bove - Mes Amis.djvu/41

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Tous les trois mois, lorsque je touche ma pension, je donne cent francs à Lucie. Elle ne doit pas gagner beaucoup sur moi.

Le soir, j’attends que tous les clients soient partis, car c’est moi qui ferme la gargote. J’espère toujours que Lucie me retiendra.

Une fois, elle m’a dit de rester.

Après avoir baissé le rideau de fer avec une perche, je rentrai dans l’estaminet, à quatre pattes. Le fait de me trouver dans une boutique fermée au public me fit une impression étrange. Je ne me sentais pas chez moi.

Ma joie dispersa ces observations.

Maintenant, je lorgnais avec plus d’indulgence celle qui certainement deviendrait ma maîtresse. Elle ne devait pas plaire aux hommes, mais, tout de même, c’était une femme, avec de gros seins et des hanches plus larges que les miennes. Et elle m’aimait, puisqu’elle m’avait prié de rester.

Lucie déboucha une bouteille poussiéreuse, se lava les mains avec du savon minéral, et vint s’asseoir en face de moi.

De la graisse luisait encore sur sa bague et autour de ses ongles.