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Page:Bove - Mes Amis.djvu/59

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II


Le lendemain, en m’éveillant, je pensai tout de suite à lui. Je résumai, dans mon lit, les phases de notre rencontre. Les traits de Billard m’échappaient. J’eus beau me remémorer un visage avec une moustache, des cheveux, un nez, l’expression n’y fut jamais.

Que je serais heureux s’il devenait mon ami ! Nous sortirions le soir. On mangerait ensemble. Quand l’argent me manquerait, il m’en prêterait et réciproquement, bien entendu. Je le présenterais à Lucie. L’existence est si triste lorsqu’on est seul et qu’on ne parle qu’à des gens qui vous sont indifférents.

La journée passa lentement. Malgré le grondement de la ville, j’entendis sonner toutes les heures, comme la nuit quand on ne dort pas. Je vivais dans l’attente. À tous moments, des sueurs froides me donnaient l’illusion qu’il y avait de l’air entre ma chemise et mon corps.