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Page:Bove - Mes Amis.djvu/61

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battant, me faisait sentir la forme de mon sein gauche. À chaque instant, j’essuyais mes mains moites sur mes manches. Une odeur de sueur s’échappait par ma veste ouverte.

Je m’imaginais que le patron se trouverait derrière son comptoir et que Billard boirait un bock, comme hier.

Sur la pointe des pieds, la main contre la glace pour ne pas perdre l’équilibre, je vis, au-dessus d’un rideau rouge, l’intérieur du café Jacob.

Billard n’était pas là.

J’en ressentis du dépit. Je m’étais figuré que, tenant à moi, il serait revenu avec l’espoir de me parler.

Je regardai la pendule d’une boulangerie. Elle marquait six heures. Tout n’était pas perdu : Billard pouvait travailler.

Je m’éloignai en prenant la décision de revenir vingt minutes plus tard. Certainement, il serait là. Nous bavarderions : j’avais tant de choses à lui dire.

Pour tuer le temps, j’errai sur un boulevard. Les arbres, entourés au pied d’une grille de fer, avaient l’air de tenir debout comme des soldats de plomb. Je voyais les voyageurs dans les tramways illuminés. Des taxis, obs-