Ma sœur, ô douce fée Espace, vois quelle eau claire et comme elle chante.
Elle est douce, dieu Temps, comme les fleurs que je lui confie et qui viennent des prés d’alentour.
Elle chante comme les oiseaux du ciel.
Elle glisse dans mes doigts, comme un rayon de lune ; elle glisse, prête à courir le monde.
Demain ruisseau, bientôt rivière, elle s’inscrit déjà, adorable et glorieuse, dans le temps.
Source, aujourd’hui pareille à toutes les sources, — un peu de lumière dans l’ombre, — demain ruisseau riant, baignant son premier village, elle s’inscrit déjà dans l’espace. Comment la nommerons-nous, dieu Temps ?
Meuse.
Ce nom est frais comme un balbutiement d’enfantelet, comme un sourire de toute jeune fille.
Va, petite Meuse, va chère clarté qui bruisse, va par les bois, va par les champs, épouse, sur ta route, en passant, la