Page:Bovesse - Meuse, 1938.djvu/89

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WÉROTTE.

Quel Namurois serait assez fou pour toucher à nos vieilles pierres ? Elles sont l’ornement de notre ville, sa couronne, sa beauté. Est-il rien de plus harmonieux que ces murailles du château des Comtes et les tours qui descendent vers le pont de Jambes ?

WARNON.

Je les ai vues quand j’étais petit. Et toi aussi, Nicolas, quand nous avions nos yeux.

BOSRET.

Moi, je les vois encore, au fond de mes yeux morts, comme je les vis jadis…


(Se dressant.)

Regarde, Warnon, regarde. Derrière la porte de La Plante, la colline s’élève toute verdoyante. Elle s’est couverte d’ombres bleues. Le soleil, qui va se coucher derrière la Citadelle, met une tache d’ocre à la pointe d’une seule des tours et les ardoises sont violettes…

Plus bas, c’est César.
WARNON.

Et Joyeuse !

BOSRET.

D’ici, l’on ne voit que quelques toits pointus de la ville et aussi une arche du pont de Jambes qui traverse lentement l’eau en ayant l’air de dire à chaque pas qu’il fait : « Je suis de Namur, j’ai bien le temps. Je me dore au soleil dans la douceur d’un jour lentement savouré au bord du fleuve qui nous donne une leçon de paix. »