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VEUVAGE BLANC

incomprise, disait-elle à sa cousine, la larme à l’œil et le sourire aux lèvres… C’est toujours assez ridicule et ce le serait plus encore d’une petite bonne femme de mon modèle. Tout de même, avec Claude je m’entendais si bien…

Handolph Curtis employait son temps en longues randonnées à bicyclette. Pourvu que fût mise en action son énergie musculaire, peu lui en importait le but. Ce matin-là pourtant se proposait-il d’aller visiter Notre-Dame de Liesse. Me Sigebert l’avait copieusement documenté sur la légende de ce célèbre lieu de pèlerinage.

— Et surtout, ajouta-t-il au moment de retourner à son étude, ne manquez pas de vous faire montrer les trois cloches. Il y en a une que les femmes sonnaient pour devenir veuves. Celle-là, à force de servir, la corde en est usée voici bel âge et on ne peut plus l’atteindre. Les deux autres ont pour objets respectifs de se procurer un mari et de rendre mère. Par malheur, dans leur précipitation, les filles souvent confondent l’une avec l’autre.

Ce rire sonore, enfantin un peu, du jeune homme, répondit à la grosse hilarité du notaire.

Chacun étant allé à ses occupations, Randolph Curtis se mit en devoir de vérifier ses pneus.

— Cela vous retarderait-il beaucoup, monsieur, de me donner quelques minutes d’entretien ?

Vivement il se redressa. Il se trouvait seul avec Louise dans le jardin.

— Au diable la promenade, mademoiselle, si je puis vous être de quelque service.

— Oh ! ce ne sera pas long. Je cherche à me placer comme gouvernante dans une famille. Il me semble avoir plus de chances d’y réussir en Angleterre pour enseigner le français à des enfants ou le parler avec des jeunes filles. Je me proposais de mettre une annonce