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Page:Boyer - Les Deux Saisons, 1867.djvu/113

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LES DEUX SAISONS.

Vous ne vîtes qu’Argan, votre instinct se troubla
Devant l’affreux spectacle, et vous n’étiez pas là,
Absente que je plains, pour veiller sur le maître
Avec son cher Baron…, qui le trompait peut-être !
Les ennemis étaient mieux instruits ; médecins,
Tireurs de sang, vendeurs d’orviétan, assassins,
Débitants d’émétique et doreurs de pilules,
Formaient en vingt endroits leurs conciliabules
Contre ce patient, dangereux au jargon
De Guénaut-Diafoirus et de Fagon-Purgon ;
Pour Tartufe et Don Juan, ils poussaient dans la rue
Une bande de gueux, sur leurs pas accourue,
A meurtrir le cadavre, à salir le linceul
Du grand homme de bien qu’on laissait mourir seul.
Seul, non pas tout à fait pourtant ! car deux sœurs grises
Sous ce toit familier par ce malheur surprises,
Deux de ces vierges qui des souffrants font leurs fils,
Près de lui répétaient, la lèvre au crucifix,
Qu’il avait été doux pour toutes les misères,
Qu’il avait labouré le sillon de ses frères,
Et que, dans les abris du paradis chrétien,
Dieu devait une place à ce comédien.
Comme elles achevaient leur prière, exaucée
Ailleurs, il souleva sa paupière abaissée ;