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Page:Boyer d’Argens - Lettres juives, 1754, tome 1.djvu/115

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ayant vainement employé les menaces, les supplices & les promesses, ils ont tourné leurs armes mutuellement les uns contre les autres.


Les nazaréens ont des soldats religieux [1], qui font un vœu solennel d’immoler autant de Turcs qu’il leur sera possible, à la gloire de Dieu ; & ceux-ci en revanche, ont fait un point de leur loi de leur rendre le réciproque.

N’est-ce pas-là une façon pitoyable d’éclairer l’esprit & le cœur ? Ne voilà-t-il pas une plaisante foi, qui n’est fondée que sur la crainte, & qui ne croit que parce qu’elle n’ose ne point croire ? La plus légère difficulté, la plus petite dispute arme ces infidèles les uns contre les autres : ils s’égorgent, ils se massacrent pour le moindre point contesté : & dès que celui-là est fini, il en renaît bien-tôt un autre. Les grecs de Constantinople haïssent moins les mahométans que les latins ; & il n’est pas un marchand à Pera, qui ne se fît plutôt turc, que ce qu’il appelle schismatique. Tu connois l’anthipathie des Turcs & des Persans, & la division des sectes d’Omar & d’Aly.

Je considère le mahométisme & le nazaréïsme comme deux grandes tours,

  1. Les chevaliers de Malthe.