Page:Boyer d’Argens - Lettres juives, 1754, tome 1.djvu/142

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c’est un point essentiel de la religion nazaréenne, ainsi je te l’ai déjà écrit, de croire que le pontife pense sensément, lors même qu’il extravague.

Les honneurs qu’on lui rend sont semblables à ceux qu’on réserve pour la divinité. On se prosterne à ses pieds : on baise avec respect sa chaussure. Les plus grands rois nazaréens ne sont point dispensés de cette cérémonie, & la regardent comme un honneur.

Lorsque le pontife est élu, on l’assied sur l’autel du premier temple des nazaréens [1], & là le peuple assemblé tombe à ses genoux, l’adore, lui demande de répandre sur lui les biens de ce monde, & le prie de lui assurer ceux de l’autre après la mort.

Le grand-prêtre se rend à ses prieres. Pour garant de sa parole, il allonge deux doigts de la main, & fait un mouvement du bras. Par ce seul geste, les péchés sont remis, les humains deviennent vertueux, & la nature change de face. Tel autrefois le Jupiter des Payens mouvoit l’Olympe d’un coup d’œil. Il est ensuite porté en triomphe dans son palais. Pour achever le bonheur des Romains, il n’a plus qu’à mourir bientôt.

  1. Sur le maître-autel de l’église de S. Pierre.