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Page:Boyer d’Argens - Lettres juives, 1754, tome 1.djvu/191

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l’intolérance, qu’ils cabeloient contre les princes, qu’ils persécutoient leurs adversaires, ils semoient dans quelques-uns de leurs ouvrages un grand nombre de fort beaux préceptes moraux. C’est avec raison, mon cher Isaac, que tu veux qu’on distingue chez les peres le théologien du philosophe : car il est peu de gens qui aient autant soufflé le froid & le chaud, & tant chanté la palinodie. Chrysostôme, par exemple, qu’on appelle fort à propos l’Augustin des Grecs, & qui étoit aussi bilieux & aussi emporté que cet Africain, loue infiniment la clémence. Il n’hésite pas à dire que cette vertu égale les hommes à la divinité. [1]

On se tromperoit fort, si on croyoit qu’il mit en pratique cette maxime. La premiere chose qu’il fit lorsqu’il fut élu pontife de Constantinople, ce fut de solliciter l’empereur Arcadius à rendre une ordonnance rigoureuse contre les Eunomiens & les Montanistes. Il obtint ce qu’il demandoit. Ces nazaréens, auxquels on donnoit le nom d’hérétique, furent bannis, non-seulement de la ville impériale, mais des plus considérables de l’empire, &

  1. Nihil est quod sic Dei similes faciât, ut malignis atque laedentibus esse placabilem. Chrysostom. Homil.XX. in Matthaeum.