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Page:Boyer d’Argens - Lettres juives, 1754, tome 1.djvu/197

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étoit la maîtresse de sauver les hommes comme elle vouloit, de conclure qu’elle ne pouvoit les sauver qu’en se revêtant d’humanité, parce qu’elle seule pouvoit suffire à cela ? On trouve dans ce discours un jeu de mots qui acheve de rendre les idées de l’auteur incompréhensibles. Un théologien qui s’exprimeroit aujourd’hui d’une maniere aussi diffuse, & dont les argumens ne seroient pas plus concluans, s’exposeroit à une sévere réprimande. Ce n’est point ainsi qu’ont écrit les Bossuets & les Arnaulds, les Drelincourts & les Claudes. Cependant tous ces savans n’ont point acquis parmi ceux de leur religion le fastueux nom de peres. Il faut avouer que pendant un tems les nazaréens ont bien prodigué ce titre, & l’ont accordé à des génies très-médiocres. S. Bernard, qui vécut dans le XII. siecle, non-seulement fut peu savant, mais il se déclara l’ennemi de tous ceux qui cultiverent les sciences. Il ne tint pas à lui que l’ignorance n’achevât de les éteindre entiérement. Cet homme, en contrefaisant le prophete, s’étoit acquis un crédit infini sur l’esprit des peuples, mais même sur celui des souverains ; & il fit périr par ses fausses promesses un nombre prodigieux de nazaréens, qui