Page:Boyer d’Argens - Lettres juives, 1754, tome 1.djvu/200

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tems de ces deux auteurs.

Les écrits du premier sont traités dans le goût de ceux de ces prédécesseurs [1] ; mais les antitheses & les jeux de mots y sont moins prodigués, & les sophismes beaucoup plus rares & moins choquans.

Les ouvrages du second te sont parfaitement connus. On ne peut nier qu’ils ne contiennent plusieurs choses excellentes : mais elles sont obscurcies & flétries par un nombre d’autres puériles, inutiles & absurdes, que l’ignorance & la superstition scolastique ont consacrées sous le nom de théologie, & couvertes du voile de la religion. Le style de Thomas d’Aquin n’est gueres plus épuré que celui des auteurs qui l’ont précédé. Le mauvais goût dans la maniere de s’énoncer & d’écrire, subsista jusque dans le XV. siecle, & ne fut totalement détruit que par les troubles qui s’éleverent parmi les nazaréens. Les théologiens

  1. i>Sunt quaedam vitia, quae libenter sive frequenter speciem virtutis praetendunt, ut cum vere vitia sint, credantur esse virtutes, sicut severitas putatur esse justitia, amaritudo mentis dicitur maturitas…… Dissolutio creditur spiritualis mentis laetitia, pigritia sive inordinata tristitia judicetur morum gravitas, &c. Alberti Magni Paradis. Anim. de Virtut. libr. Prolog. Cette énumération des vices, auxquels on donne le nom des vertus, contient deux grandes pages, & va bien de pair avec les longues antithèses de S. Augustin.