Aller au contenu

Page:Boyer d’Argens - Lettres juives, 1754, tome 1.djvu/241

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

pétris d’imaginations. Si cet art étoit vrai, la nature se seroit liée les mains, & nous les auroit liées à nous-mêmes. Tous nos mouvemens seroient écrits dans les cieux, & il ne nous resteroit rien de libre. Nous serions nécessités au mal comme au bien, puisqu’il faudroit que nous finissions absolument ce qui seroit écrit dans le prétendu registre des astres, ou bien le livre seroit faux, & la science des devins incertaine.

Notre sort dépend des lieux, des personnes, des temps, de notre volonté, & non pas des conjonctions chimériques des charlatans. Deux hommes naissent sous la même planete : l’un est un porteur d’eau, & l’autre un souverain. D’où vient donc cette différence ? Jupiter le vouloit ainsi, répondra un astrologue. Mais qu’est-ce-que Jupiter ? C’est un corps sans connoissance, & qui ne peut agir que par son influence. D’où vient donc agit-elle dans le même moment, dans le même climat aussi indifféremment ? Comment cette influence peut-elle avoir lieu ? Comment peut-elle percer la vaste étendue des airs ? Un atôme, la moindre petite portion de matiere arrête, détourne, diminue ces prétendues particules qu’on veut que ces planètes nous envoient. D’ailleurs, les astres