Page:Boyer d’Argens - Lettres juives, 1754, tome 1.djvu/290

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qu’il fût déplacé, on l’invoquoit pour les maux de jarrets.

L’autre [1] s’amusoit avec le démon : il savoit le réduire au point où il vouloit ; & un jour que cet esprit infernal avoit voulu s’émanciper avec lui, il le saisit par le nez avec des tenailles, & le châtia de façon que le diable ne voulut plus avoir aucun commerce avec lui.

Je ne finirois jamais ma lettre, si je t’écrivois tous ceux qui ont été déplacés. Ces deux premiers te donneront idée des autres.

Il seroit à souhaiter qu’il s’élevât parmi nos rabbins quelque docteur semblable au dénicheur nazaréen. Nous lui aurions l’obligation de ramener notre religion à sa premiere simplicité, & d’ôter à nos ennemis des armes dont ils se servent pour la combattre. Quelques peines & quelques oppositions qu’il trouvât d’abord, la vérité prendroit le dessus dans les suites ; tôt ou tard on reconnoîtroit l’obligation qu’on lui auroit.

Porte-toi bien, mon cher Isaac, & ne parle à personne des sentiments que je dépose dans ton sein. Ils ne manqueroient pas de m’attirer la haine des idiots. Que le Dieu d’Israël te donne les richesses & la santé.


De Paris, ce…

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  1. Dunstan.