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Page:Boyer d’Argens - Lettres juives, 1754, tome 1.djvu/329

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chemin des honneurs ouvert à leur ambition, lorsqu’ils en sont susceptibles. Quiconque a du mérite, peut parvenir à tout. Lorsqu’il s’agit de remplir un poste éminent, on ne consulte point de vieux parchemins mi-moisis, où sont écrits les titres des ancêtres : on n’a aucun égard aux qualités de ceux qui vivoient il y a deux cents ans.

On donne à la vertu présente le prix qu’elle mérite : & quiconque en Hollande veut être grand, doit être vertueux. Dans un état aussi bien policé, tous les citoyens sont des enfans de la patrie. Dans la république de Genes, le bas peuple se regarde presque comme un enfant trouvé : à peine connoît-il sa mere. Aussi le gouvernement trouve-t-il peu de ressources dans son cœur. Les souverains les plus absolus sont beaucoup plus chers à leurs sujets, que les chefs de cette république ne le sont à leurs concitoyens. Si dans le despotisme il n’est point de patrie, l’intérêt propre, l’envie de parvenir aux honneurs, & de contenter son ambition, espérances défendues aux Génois, suppléent à l’amour du pays, & à l’envie de soutenir sa liberté & ses privileges. Le courrier va partir, & je suis contraint de finir ma lettre.


Porte-toi bien, & que le ciel te protége