Page:Boyer d’Argens - Lettres juives, 1754, tome 2.djvu/132

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en général. Les périls ne les épouvantent point. Ils vont tous les jours chez les nations les plus reculées faire des incursions, & y planter l’étendart nazaréen. Le souverain pontife a dans eux un inébranlable appui. Lorsqu’il faut entreprendre un coup d’éclat, c’est à eux qu’il s’adresse. Cela fait qu’on les soupçonne souvent d’être les auteurs de bien des choses auxquelles ils n’ont point de part. Ils sont utiles à la société par le soin qu’ils prennent de l’éducation des jeunes gens, dont ils sont ordinairement chargés.

Ils passent pour être grands ennemis des femmes : & différens en cela de certains religieux [1] qu’on regarde comme les héros de la galanterie monacale.

Il y a quelques jours qu’un de ceux-ci fut malheureusement surpris avec une de ses dévotes, qu’il avoit fait entrer dans son couvent déguisée en homme. L’affaire fit d’abord assez d’éclat ; mais les moines tâcherent de l’étouffer, & nierent dans le public la vérité de ce fait.

Le François qui me racontoit cette histoire, me dit en plaisantant, qu’il seroit utile pour l’état, que les moines fissent plus souvent de ces échappées. Ils peupleroient la France, ajoûta-t-il, &

  1. Les cordeliers.