Page:Boyer d’Argens - Lettres juives, 1754, tome 2.djvu/149

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leurs adversaires, leur opposoient le grand nombre de juifs qui suivent le talmud, & les sentimens rabbinistes. Nous n’avons, répondoient les caraïtes, d’autres écrits, pour régler notre loi, que les vingt-quatre livres qui sont dans la bible. [1]

Vous convenez avec nous qu’ils ont été faits par des personnes sur qui Dieu avoit répandu son esprit. Nous rejettons donc avec raison toutes les traditions humaines qui leur sont contraires. Que peuvent des hommes contre les ordres de Dieu ? Il est immuable, il n’est point susceptible de passions ; & s’il étoit tel que le font le talmud & les ouvrages des rabbins, le créateur seroit plus vil & plus à plaindre que la créature.

Je ne sçais, mon cher Monceca, comment mes confrères sont aussi entêtés d’un nombre d’idées qui s’accordent si peu avec celle que nous devons avoir du tout-puissant. Ce ramas de chimères & de superstitions que

  1. L’auteur du commentaire caraïte appellé d’Aaron, fils de Joseph, qui vivoit à la fin du XIII. siécle, & dont l’ouvrage se conserve en manuscrit dans la bibliothéque des peres de l’Oratoire de Paris, où il a été apporté de Constantinople, approuve tous les livres de la bible, qui sont dans le canon juif, & en compte vingt-quatre, comme font les autres.