Page:Boyer d’Argens - Lettres juives, 1754, tome 2.djvu/172

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de honte attachée à leurs légéretés, qui, quoi qu’on dise, les contraint beaucoup. La seconde est vivacité de leurs sentimens. L’homme le plus tendre est paitri de glace, comparé à une femme qui aime véritablement. C’est chez le beau sexe que l’amour exerce tous ses droits. C’est à lui qu’il fait sentir toute la force de ses transports & de ses mouvemens, mêlés de tendresse, de crainte, de colere, de dépit, d’espoir, de jalousie. Toutes ces passions regnent dans le cœur d’une femme amoureuse. Tantôt elles se succédent l’une à l’autre : quelquefois elles agissent toutes ensemble.

L’histoire nous a conservé le nom & les actions d’un nombre de femmes qui se sont distinguées par leur confiance & leur fidélité. Sans aller chercher dans les siécles éloignés, on voit tous les jours des passions qui justifient mon opinion. J’ai entendu dire à un docteur nazaréen de mes amis, grand directeur de consciences, que l’amour délicat & tendre est le plus rude ennemi que trouve chez les femmes le tribunal on l’on absout les Parisiens de leurs péchés.

Je t’ai parlé dans mes lettres précédentes de cette espèce de piscine spirituelle où les moines ont le droit d’effacer les péchés,