Page:Boyer d’Argens - Lettres juives, 1754, tome 2.djvu/212

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pour le beau sexe est le plus noble présent que nous ayions reçu du ciel.

C’est la délicatesse dans les sentimens qui nous distingue du reste des animaux : c’est à l’ardeur de plaire que l’on doit les plus belles connoissances. La sculpture & le dessin ont été inventés par une ingénieuse amante. On prétend que l’amour fut le premier qui donna l’idée de l’écriture. Si nous examinons les événemens les plus considérables, nous trouverons qu’ils prennent leur source dans la tendresse. L’Europe est redevable à cette passion de la plupart de ses amusemens : tous les plaisirs n’ont été inventés que pour plaire au beau sexe. Le vulgaire fait sa cour à une belle en la regalant de vin, de confitures & de friandises. Le noble & le riche la divertit par les comédies, les mascarades, les balets, les promenades & les parties de campagne. Sans l’amour, tout languiroit dans la nature : il est l’ame du monde, & l’harmonie de l’univers. Le ciel donna à l’homme en le créant, le penchant qui l’entraîne vers les femmes ; & la tendresse que nous avons pour elles, est un présent de la divinité. Nous ne devons point rougir d’être sensibles. Nous suivons des impressions naturelles qui n’ont rien de criminel, qu’autant