des libertins, & à dissiper les craintes des maris jaloux. Les seuls Vénitiens sont capables de ce détail. Il est vrai que, n’en déplaise au Doglioni, je crois cette action moins grande & moins louable que lui. Pour empêcher les insultes que les libertins auroient pû faire aux honnêtes femmes, je crois qu’on auroit pû se servir des moyens qu’employa Sixte-Quint, lorsqu’il eut banni les courtisanes de Rome. Ce pontife punissoit sévérement le vice, & sçavoit contenir par la crainte, les libertins & les vagabonds. Les Vénitiens ont une philosophie plus douce ; ils imitent certains prélats Allemands qui permettoient autrefois aux prêtres & aux moines de leurs diocèses d’avoir des concubines, moyennant un tribut annuel. [1]
La république en fait de même, & met à profit les péchés des courtisanes, dont elle tire par an plus de cent mille séquins, qui augmentent le trésor public.
Porte-toi bien, mon cher Monceca : & prospère dans toutes tes entreprises.
De Venise, ce…
Lettre LIII.
- ↑ Voyez les Centum Gravamina, apud Wolfium, lectionum memorabil. Vol. II, p. 223