Page:Boyer d’Argens - Lettres juives, 1754, tome 2.djvu/246

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qu’ils tiroient de ceux qui venoient le visiter. La réputation de cet imposteur fit enfin tant de bruit que le grand-seigneur ordonna qu’on le conduisit à Constantinople. L’ayant fait amener dans le serrail : Je vais, lui dit ce prince, sçavoir si tu es le messie ou non. Choisis, ou d’être attaché a un poteau, & d’y servir de but à mes arbalétriers, ou de te faire Turc._ Le misérable Sabataï Sévi ne balança pas à sauver sa vie aux dépens de sa religion. Il prit le turban, & le grand-seigneur lui laissa la vie & la liberté pour mortifier notre nation, qui fut long-tems la risée de l’empire Ottoman & de toute l’univers.

Ne croyons jamais facilement les bruits qu’on fait courir : lorsque le tems de notre délivrance arrivera, les miracles seront évidens, & tout le monde sera convaincu de leur réalité.

Porte-toi bien, mon cher Monceca, & conserve ta santé.

De Smirne, ce…

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