Page:Boyer d’Argens - Lettres juives, 1754, tome 2.djvu/251

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que la maladie réduise le nazaréen à l’extrêmité. Alors il partage son autorité avec le directeur & le confesseur. Ces médecins de l’ame observent encore plus de formalités que ceux du corps. Dès qu’ils sont appellés, ils exigent du malade qu’il leur fasse un aveu sincere de toutes les actions de sa vie. Lorsqu’ils jugent que son ame a pû être souillée par quelques-unes, ils la nettoyent & la purifient par des paroles magiques, qu’ils marmottent à l’oreille du malade, & qu’ils accompagnent de plusieurs gestes & de quelques grimaces. Après ce début, ils demandent au malade s’il est dans l’intention de faire quelque don pieux aux saints & aux prêtres qui desservent leurs autels, pour s’attirer leur protection dans le voyage qu’il va entreprendre ? Il est peu de nazaréen qui ne laisse dans son testament de quoi faire bonne chere aux moines de son quartier. Il croiroit être damné, si quelque communauté religieuse ne marmottoit après sa mort, quelque antienne & quelque verset en faveur de son ame.

Lorsque le confesseur a pourvu au bien & à la nourriture des pasteurs spirituels, il songe aux parens & à la famille du malade : il fait laisser à chacun quelque legs plus