Page:Boyer d’Argens - Lettres juives, 1754, tome 2.djvu/287

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ordinairement un fripon, que de mettre au jour un systême d’athéïsme, ou quelques ouvrages contre les bonnes mœurs. Quelque mouvement cependant que l’on se donne, dès qu’un livre est imprimé dans quelque endroit de l’Europe, & qu’il est bon, il se vend à Paris aussi-tôt, même plutôt que dans aucun endroit de l’Europe. Les défenses qu’on fait pour en empêcher la vente, en augmentent infiniment le prix & le débit. Les colporteurs ont soin d’en fournir les petits-maîtres, les gens de robe & les courtisans. Les dames mêmes lisent les livres défendus. elles se les font apporter à leur toilette, comme une des choses qui lui appartient ; & pendant qu’une coëffeuse

Bâtit de leurs cheveux le galant édifice,


un aimable, un petit-maître, un amant, en lit quelques pages tout haut.

Tu seras peut-être curieux de sçavoir ce qui excite principalement la persécution contre les livres, & quels sont ceux qu’on proscrit le plus sévèrement.

Quoique tous les ouvrages, qui tendent à guérir l’esprit du peuple de la superstition, soient généralement défendus, cependant on prend moins de soin