Page:Boyer d’Argens - Lettres juives, 1754, tome 2.djvu/291

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tout ce qui lui résiste, & épargne ce qui lui céde. Il arrache l’altier janséniste de chez lui par une lettre de cachet. En vain est-il appuyé par la ville & les provinces : semblable au chêne, que ses profondes racines ne sçauroient garantir d’être enlevé par un ouragan, il périt, tandis que le libertin, l’athée & le débauché, qui, foibles roseaux, plient, & semblent céder, sont conservés, & jouissent d’une grande tranquillité. Ce n’est pas le crime ni le criminel que hait le moliniste, mais le rival de sa grandeur, ou celui qui peut le devenir. On n’est point innocent auprès de lui, dès qu’on peut lui nuire. Le trop de science & de vertu attire sa haine. Il veut moins de bonnes qualités & plus d’obéissance. Il est doux, simple, complaisant, honnête-homme même, lorsqu’il est seul ; mais fier, insupportable, tyran, persécuteur, dès qu’il agit de concert avec ses confrères. La moitié des maux de ce royaume sont venus par l’ambition de ceux qu’on nomme aujourd’hui molinistes.

Ils ont autrefois persécuté des nazaréens à qui la France étoit redevable de sa gloire [1].

Ils avoient placé sur son trône le plus

  1. Les réformés.