Page:Boyer d’Argens - Lettres juives, 1754, tome 2.djvu/317

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Si tous les nazaréens papistes eussent été aussi vertueux & aussi honnêtes-gens que ce fidèle sujet, la France, toujours soumise aux maîtres que Dieu lui donnoit, n’eût point été en proie à la discorde & la division. La fougueuse superstition, vêtue d’un capuchon & d’un froc, n’eût point forcé les freres à tremper les mains dans le sang de leurs freres, & la religion n’eût jamais servi de prétexte à la révolte. Voici un principe, mon cher Monceca, dont je crois que tout honnête-homme, et tout sujet fidèle, doit être persuadé. Quand un monarque se feroit turc, on n’est point en droit de violer le serment de fidélité qu’on lui doit. Hé quoi ! Les particuliers se récrient lorsqu’on veut violenter leur conscience, & les monarques, assis sur leur trône, ne pourront faire choix de leur croyance !

Leur foi dépendra de leurs sujets ! Il faut être ou fou, ou furieux, ou Romain, pour soutenir un sentiment aussi extraordinaire. Si j’étois souverain d’un état nazaréen, j’établirois certain temple où je ferois prêcher, par des