crurent les vaincre aisément ; mais après avoir employé vainement toutes leurs forces pour réussir dans leur entreprise, ils eurent recours à l’empereur & le prierent de leur fournir une armée. Il faut que je te dise une fable qui vient naturellement à ce sujet.
Un jardinier se plaignit à son seigneur d’un liévre qui venoit tous les jours lui manger les choux de son jardin. Ce seigneur se charge d’exterminer l’animal. Il vient chez le paysan, accompagné de dix chasseurs, suivi de trente chiens, & fait plus de dégat dans un moment, que le liévre n’en eût fait en mille ans. On le poursuivit au travers du jardin. Malgré les chiens, il se sauve par un trou de la muraille. Alors le gentilhomme conseille au paysan de le boucher, & le félicite du départ de son ennemi. Les Génois ont eu le sort du jardinier. Ils ont payé, pendant très-long-temps, six mille Allemands qui leur ont couté des sommes immenses. Les chefs des révoltés ont fui comme le liévre. Ils se sont sauvés & ont imploré le secours & la miséricorde de l’empereur. Il la leur a accordée, & a obtenu leur grace des Génois. Mais à peine ce prince a-t-il eu retiré ses troupes de l’Isle de Corse, qu’elle s’est de