Aller au contenu

Page:Boyer d’Argens - Lettres juives, 1754, tome 2.djvu/87

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

lui avoit déplu ; n’est-il pas ridicule de vouloir apporter en preuve les prétendus desseins de Dieu, contre sa parole même, qu’il nous a laissée dans les livres sacrés ?. Les docteurs nazaréens croient la certitude des écrits de Moyse. A quoi servent donc des dissertations inutiles ? Puisque l’histoire de ces tems reculés est un cahos, il est absurde de vouloir le débrouiller : il nous suffit de sçavoir que les trois enfans de Noé sont la source commune de toute l’humanité ; c’est se morfondre inutilement, que de chercher à comprendre le commencement des premières Monarchies que leurs descendans ont formées. Un homme de bon sens ne doit tâcher de les connoître que dans le tems où il commence à voir quelque jour & quelque certitude dans les historiens qui en parlent.

Ces recherches inutiles font consumer des momens qu’on pourroit mieux employer : & puisqu’il n’a pas plu à la divinité de vouloir transmettre jusqu’à nous les moyens qu’elle avoit employés pour repeupler si-tôt le monde après le déluge, il doit nous suffire de sçavoir, que celui qui de rien a créé l’univers, qui le maintient, & qui le gouverne si sagement, n’aura pas rencontré des difficultés dans l’exécution de ses desseins.

Pour étudier l’histoire avec utilité,