Page:Boyer d’Argens - Lettres juives, 1754, tome 2.djvu/92

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il est impossible que l’histoire ancienne, passant par ses mains, ne prenne un certain goût du siécle présent qui la défigure.

Le courier va partir ; je suis contraint de finir ma lettre. Une autre fois je t’écrirai plus au long ce que je pense à ce sujet.

Porte-toi bien, mon cher Isaac, & que le Dieu de nos peres te fasse prospérer.

De Paris, ce…

***


Lettre XXXIX.

Aaron Monceca, à Isaac Onis, rabbin de Constantinople.

On voit actuellement en France ce qu’on n’a peut-être jamais vû. Les femmes n’ont aucune part au ministère : un secret impénétrable régne dans les affaires. Le souverain & son ministre sont aussi réservés l’un que l’autre : & rien ne transpire de leurs desseins dans le public. Cette conduite sensée est un effet de la prudence du ministre & de la sagesse prématurée du prince, qui dans un âge où le cœur est ordinairement le