Aller au contenu

Page:Boyer d’Argens - Lettres juives, 1754, tome 2.djvu/95

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

dans la punition qu’il fit souffrir à ses ennemis, sa grandeur d’ame & son intrépidité éclatèrent davantage.

Combien trouve-t-on peu de semblables caractères ? L’histoire à peine en conserve-t-elle un dans plusieurs siécles. Nous voyons, au contraire, les femmes donner toujours le coup décisif aux grandes affaires. Quels efforts n’a pas fait jouer la Princesse d’Eboli sous Philippe II, malgré la prudence & la politique de ce prince ? Les dames ne forcerent-elles pas Henri IV de terminer une guerre dont les commencemens avoient été très-heureux ; & par leurs artifices & leurs ruses cachées, ne lui persuaderent-elles pas d’entreprendre une dont les suites étoient douteuses, & dont les apprêts furent en partie la cause de sa mort ? Madame de Chevreuse a remué cent machines différentes dehors et dedans le royaume, qui l’avoient mis dans une situation des plus tumultueuses ; tout brouillon qu’étoit le cardinal de Retz, il fit beaucoup moins de mal. Les factions de Westminster étoient animées par la comtesse de Carlile : cette dame, du fond de Whitehall, étoit l’ame & l’esprit qui les animoit.


Vainement prend-on des précautions pour vouloir se garantir des charmes séducteurs