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Page:Boyer d’Argens - Lettres juives, 1754, tome 3.djvu/124

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ceux qui manquent à leur parole. Aussi n’élevent-ils leurs enfans, depuis l’âge de cinq ans jusqu’à vingt-cinq, qu’à tirer de l’arc, à monter à cheval & à dire la vérité. [1]

Que de maux n’éviteroit-on pas dans le monde, mon cher Isaac, si les hommes étoient esclaves de leurs sermens, & qu’ils tinssent inviolablement ce qu’ils promettent ! Quelle paix, quelle tranquillité ne régneroient point dans l’univers ! Les rois auroient toujours des sujets fidéles & soumis à l’obéissance qu’ils leur ont jurée. Les souverains, d’un autre côté, attentifs à remplir les conditions qu’ils ont promis d’exécuter en montant sur le trône, deviendroient les peres d’un peuple toujours prêt à obéir, & cependant n’obéissant qu’à la justice & à l’équité.

Périssent, mon cher Isaac, ceux qui ont voulu dispenser les monarques de la qualité la plus capable de les affermir sur leurs trônes. En leur inculquant la pernicieuse maxime, qu’ils étoient dispensés de tenir leur parole, ils leur ont fait donner un exemple dangereux à leurs sujets. C’est de ce principe détestable, que sont découlées toutes les guerres

  1. Histoire d’Hérodote, liv. I. pag. 69. de la trad. de Duryer.