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Page:Boyer d’Argens - Lettres juives, 1754, tome 3.djvu/139

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de ceux qui les ont fait élever : & on les appelle ainsi, sans qu’on sçache trop bien sur quel fondement. Les temples, les palais, les arcs de triomphe n’immortalisent ni les souverains, ni les particuliers. Ce sont les grandes actions, ou les ouvrages d’esprit qui nous assurent de vivre éternellement dans la mémoire des hommes. [1]

Combien de monumens n’ont point été détruits depuis Alcibiade, Thémistocle, & ces autres illustres Grecs dont le bruit de leurs actions a transmis les noms à la postérité la plus reculée !

Que de temples, que de palais ont été renversés depuis la mort d’Homère ! Ce génie illustre vit encore parmi nous : & il fait aujourd’hui les délices de toutes les nations, comme il fit autrefois celles de la Grèce.

Il n’y a que des hommes médiocres qui,

  1. Exegi monumentum oere perennius
    Regalique situ pyramidum altius,
    Quod non imber edax, non Aquilo impotens,
    Possit diruere, aut innumerabilis,
    Annorum series, & fuga temporum.
    Non omnis moriar, multaque pars mei
    Vitabit Libitinam : usque ego posterâ
    Crescam laude recens, dum capitolium
    Scandet cum tacitâ virgine pontifex.
    Horatius, ode XXX. lib.IV.